8h ce matin. Ciel nuageux (une fois n'est pas coutume), je sirote mon thé French blue accompagné des délicieux "rubiols" (petit gâteau fourré de confiture typique de la période de Pâques) de la grand-mère de Pau en jetant un œil rapide à la presse française sur internet quand soudain je découvre un passionnant article sur la lutte contre l'anorexie et la valoration de l'excessive maigreur. L'article présente un projet de "Charte" visant à inciter à la diffusion de modèles plus variés de beauté et à sensibiliser les différents acteurs concernés - médecins du travail pour éviter que d'autres mannequins nous claquent entre les doigts, publicistes, travailleurs de la mode et que sais-je encore - à la question. Jusque là, tout va bien, je me contente de suivre machinalement le texte, vaguement intéressée (après tout, l'initiative est louable) et d'un œil encore un peu vitreux et distrait en raison de l'heure matinale. Ce n'est que quelques phrases plus loin que je manque in extremis de m'étrangler avec mon rubiol. L'origine de cette erreur d'aiguillage oeso-laryngique? Je cite:
"Mais peut-on faire mieux ? Peut-on, comme s’inquiète Didier Grumbach, se mettre à légiférer sur
«ce que doivent être la beauté et les canons esthétiques ?» Valérie Boyer, députée UMP des Bouches-du-Rhône, en est persuadée. Sa proposition de loi, présentée aujourd’hui en même temps que la charte, vise à punir
«l’incitation à la maigreur excessive» de deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende. Son texte, qui sera débattu mardi à l’Assemblée nationale, serait inséré dans le code pénal. Il vise spécifiquement des sites Internet et des blogs, baptisés
«pro-ana», où l’on trouve des photos de stars rendues squelettiques au moyen de logiciels de déformation d’images, où l’on lit les journaux intimes de jeunes filles expliquant que c’est supercool d’être maigrissime, et que l’ultraminceur est plus valorisante qu’une bonne santé. Ce sont ces sites-là que Valérie Boyer veut sanctionner. Mais elle écrit aussi :
«On ne peut que s’alarmer de la maigreur excessive de certains mannequins défilant sur les podiums.»"
...
Je pense (devrais-je dire "j'espère"?) sincèrement qu'une telle ânerie paternaliste a à peu près autant de chances de passer à l'assemblée que Jordi de faire un come back mais je dois dire quand je lis des propositions d'une telle pertinence, il me vient soudain l'envie d'enfiler une couche-culotte et entonner à tue-tête - faisant référence au chanteur sus-nommé - "je m'appelle Agathe, j'ai 4 an et j'suis petit!", comme pourraient d'ailleurs le faire les quelques 60 millions de Français apparemment incapables de discerner leur propre intérêt et d'exercer avec sagesse leur esprit critique et leur libre arbitre et qui devraient pour cette raison être sainement encadrés par une loi protectrice à même de les éloigner du péril du biberon trop chaud ou du petit suisse trop sucré (sans parler du cholestérol).
En tout cas, si ce projet devait se concrétiser, je nourris le projet de me lancer en politique afin de promouvoir une loi contre le droit d'être con... Ça serait marrant, non?
Moralité de l'histoire? Avec tout ça je vais finir à me retrouver au magasine "Elle" à la rubrique "les idées malines d'Agathe au fourneau"... au secours, je dois trouver du travail, et vite!
